Donnadieu
Virginie DONNADIEU - Peintre en décors et plasticienne
Le travail de Virginie DONNADIEU sonde les grands travers de l'humain à travers une vision poétique.
Alors que la science tente d’exorciser nos manques et faiblesses, ne serait-elle pas le cataplasme de nos doutes?
Elle se confronte à l’erreur et se nourrit de l’expérience. Constant paradoxe entre savoir et erreurs, science et humain, entre le su et l’inconnu…
Le travail de Virginie DONNADIEU naît de ces confrontations et son évolution même prend corps dans ce schéma, telle une artiste savante, elle lit et recompose le monde naïvement.
L’art est l’expérience fortuite de hasards, qui est l'essence même de la recherche.
Quelque part, tenir compte de l’erreur et l'expérimentation, c’est mieux envisager l’humain et ses grands travers ( sexe, drogue, violence, domination, pouvoir…), c’est également garder vivant, vibrant, l’incertain où se glisse maintes échappées comme autant d’amorces, de possibles.
Ses projets sont un « singeage », une parodie de la science et de l’art employant un répertoire et une esthétique naïve. Les expériences artistiques que propose l'artiste permettent de pénétrer l’imaginaire fantasque que chérissent ses concepts farfelus.
"Dans l’erreur se trouve une forme parfois féconde: l’imprévisible. Dans l’imprévisible germent des forces poétiques et plastiques insoupçonnées."
L'artiste privilégie la rencontre avec le vivant, son travail est ludique, le public doit l'expérimenter.
V.D Vos projets sont toujours ironiques, absurdes, poétiques et ludiques, réalisés avec une esthétique du bricolage et des moyens de bord. Ils parodient les grands travers de la condition humaine. Mais quels sont leurs statuts? Objets d'artisanat? Objets design? Sculptures? Objets de la vie quotidienne, ou gadgets?
D.V Je sais que mon travail était ambigu, d'ailleurs ce genre de questions me semaient le trouble. J'ai finalement compris avec les vidéos, qu'il fallait mettre en scène les sculptures. Donc la sculpture devient centrale c'est autour d'elle que se déroule le scénario. C'est à partir de sa dimension poétique qu'est imaginé le scénario, la performance. Ce n'est pas dans une galerie, un musée... que l'on peut comprendre le sens des objets, mais lorsqu'elles font l'oeuvre d'une mise en scène, d'un spectacle performé. Donc la sculpture devient objet de spectacle, ustensile, gadget, acteur, bref son statut n'est pas très bien défini et c'est très bien comme çà.
V.D Il doit bien avoir une raison pour que vous utilisiez des poules pour arriver à vos fins?
D.V Au départ c'était dans l'idée de prendre ce qu'il y a de plus absurde pour parodier l'art. Et puis après c'est pour tout ce que vous pourrez imaginer de plus intéressant. En plus cet animal a tout pour voler (plumes, ailes...) et il n'y arrive pas. C'est bien triste car sa morphologie, en fait la victime parfaite du machiavélisme humain et son besoin de consommation insatiable.
V.D Wostell en 1970 présente une vache en train de mettre bas dans une galerie, l'exposition est stoppée par le service de protection des animaux. Kounnelis met des chevaux dans une galerie, exposition stoppée également. En 1990, Damien Hirst fait naître des mouches dans un cube de verre qui sont vouées à mourir électrocutées par une lampe qui les attire. Dans l'histoire de l'art, l'utilisation de l'animal est souvent employés comme succédané de l'homme, car il est proche de celui-ci, donc il est inquiétant. Mais dans votre oeuvre qu'apporte l'utilisation du vivant?
D.V L'animal renvoie à la réalité, à la souffrance. Le spectateur peut faire un transfert à travers l'animal. Dans ce travail, c'est le corps qui est mis en scène. Cette idée est née à partir de vidéos où je mettais les poules en scène. "Le test de capacités à évaluer le danger", "Le test de capacités artistiques", "Le test de capacités à émettre une critique sur l'histoire de l'art". D'un côté je mettais en scène des objets, de l'autre des corps d'animaux. La logique a voulu que je rallie les deux dans un même travail. Les poules se retrouvent en scène, par l'artiste metteur en scène, dans des objets/ sculptures qui deviennent des accessoires d'une performance `. La rencontre entre objet et animal, c'est aussi la rencontre entre la rêverie et le vivant. La science, l'idée de vol et les poules ne sont que prétexte à l'imaginaire et la poésie.